Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/252

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Deux dépêches témoignent de la frayeur produite par les affaires de France : la première, expédiée le 2 mars de Turin par lord Abercromby à lord Palmerston ; la seconde, signée par Saint-Marsan, également le 2 mars, et communiquée à lord Palmerston par le comte Revel, le 11. La fermentation intérieure força le roi de publier, le 4 mars, les bases de la Constitution (Statuto), et, le 7, à Gênes, elle éclata en une émeute, pendant laquelle le peuple menaça de suivre l’exemple de la France.

La nouvelle de l’insurrection lombarde parvint à Turin le 19. L’enthousiasme fut indescriptible. Les ministres, réunis en conseil, ordonnèrent la formation d’un corps d’observation sur la frontière, avec Novare, Mortara, Voghera pour points centraux. Les bruits répandus étaient d’un mouvement ouvertement républicain, et une dépêche du 20, expédiée de Turin par Abercromby à lord Palmerston, en faisant mention de ces bruits, les désigne comme une des causes qui agissaient le plus sur les décisions ministérielles.

En attendant, on expédia l’ordre de barrer le chemin aux volontaires qui, de Gênes et du Piémont, s’empressaient d’accourir à Milan. Quatre-vingts Lombards furent désarmés sur le lac Majeur[1].

Le 20, les nouvelles qui couraient à Turin étaient incertaines et légèrement défavorables à l’insurrection. Les portes de la ville, disait-on, étaient toujours aux mains des Autrichiens, et le peuple perdait du

  1. Voir un document dans le livre de Cattaneo, pag. 99.