Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/251

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c’est que la Lombardie Vénitienne voulait non pas des améliorations, mais l’indépendance. Elle commença sans avoir été ni prévue ni voulue par les hommes de la municipalité ou par les autres qui parlementaient avec Charles-Albert. La jeunesse de Milan se battait depuis trois jours, que ceux-ci, en étaient encore à désespérer de la victoire, à regretter qu’on eût abandonné les voies légales, à parler dans une proclamation de l’absence imprévue de l’autorité politique, et à proposer des armistices de quinze jours. Elle fut soutenue par la bravoure d’hommes du peuple pour la plupart, qui combattaient au cri de Vive la République[1] ! et dirigés par quatre hommes du parti républicain, réunis en conseil de guerre. Elle triompha toute seule en coûtant à l’ennemi quatre mille morts parmi lesquels trois cent quatre-vingt-quinze canonniers. Ce sont là des faits incontestables, et à jamais acquis à l’histoire.

Le combat du peuple commença le 18 mars. Le gouvernement de Turin était fort inquiet des nouvelles venues de France et de la fermentation extraordinaire qui croissait chaque jour dans le peuple piémontais.

  1. « Des bandes de citoyens parcourent la ville armés de fusils de chasse, de carabines, de pistolets, de hallebardes, portant des drapeaux tricolores, leurs chapeaux ornés de cocardes pareilles, et criant : Vive Pie IX ! vive l’Italie ! vive la république ! » Dépêche du 18 au 22 mars, envoyée de Milan à lord Palmerston par Robert Campbell. Pour ce qui regarde la condition des combattants, voir le registre mortuaire des barricades, et Cattaneo, pag. 309.