Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/255

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campagnes et villes voisines, enfin tout le pays qui borde les frontières de Sa Majesté Sarde en feu. » — Cette situation, comme M. Abercromby peut bien le comprendre, réagit sur l’état des esprits dans les provinces qui appartiennent à Sa Majesté le roi de Sardaigne. La sympathie qu’excite la défense de Milan, l’esprit de nationalité qui, malgré les délimitations artificielles des différents États, se fait néanmoins très puissamment sentir, tout concourt à entretenir dans les provinces et dans la capitale une telle agitation, qu’il est à craindre qu’il n’en puisse résulter d’un moment à Vautre une de ces révolutions qui mettraient le trône en grave danger ; car on ne peut se dissimuler qu’après les événements de France, le danger de la proclamation d’une république en Lombardie ne puisse être prochain. En effet, d’après des renseignements positifs, il paraît qu’un certain nombre de Suisses ont grandement contribué, par leur intervention, à la réussite du soulèvement de Milan ; si l’on ajoute à cela les mouvements de Parme et de Modène, ainsi que ceux du duché de Plaisance, sur lequel on ne peut refuser à Sa Majesté le roi de Sardaigne le droit de veiller comme sur un territoire qui doit lui revenir par droit de réversibilité ; si Ton ajoute qu’une grande et sérieuse exaspération a été excitée en Piémont et dans la Ligurie par la conclusion d’un traité entre Sa Majesté Impériale et les ducs de Parme et de Modène, traité qui, sous l’apparence de secours à fournir à ces petits États, les a réellement englobés dans la monarchie autrichienne,