Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/55

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paye rien. On fait des chiffres là-dessus et l’on dit : « 8,000 francs de revenu donneront 1,000 francs d’impôt, 800 francs donneront 100 francs. » Le huitième est le plus bas où l’impôt soit descendu dans nos pays depuis longtemps. La proportion y est sur le papier, l’œil en voit l’arrangement net, donc la chose paraît juste.

Eh bien, elle ne l’est point ; l’œil nous trompe et le chiffre ment sur le papier. Plus on est pauvre, plus l’impôt est lourd et nous appauvrit. La proportion dans les besoins et dans les dépenses n’existe pas dans le fait. Par exemple, pour 200 francs, nous avons à location une bonne maison, bien bâtie, avec un jardin. Pour 50 francs nous devrions avoir une maison et un jardin qui seraient juste le quart plus pauvres et plus petits que le jardin et la maison à 200 francs. Point. Le jardin et la maison à 50 francs sont justes pour sept huitièmes plus laids, plus petits, plus incommodes et plus malsains que la maison qui ne coûte que trois quarts de plus de loyer. Dans les villes, c’est de même : un appartement qui coûte 6,000 francs, vaut, pour sa grandeur et sa beauté, huit fois plus qu’un petit qui coûte le quart, c’est-à-dire 1,500 francs, et celui qui coûte 1,500 francs est souvent vingt fois meilleur que la pauvre mansarde qui coûte 100 francs. Plus on descend, plus la proportion disparaît.

Pour tous nos besoins, c’est la même chose ; nous n’avons point d’avance et point de crédit. S’il nous faut emprunter, on nous prend des intérêts quatre fois