Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/101

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riait. Tout ça lui est égal. Heureux artistes ! Vous n’êtes pas plus mauvais que les autres, mais vous êtes comme les enfants : vous ne comprenez pas !

À sept heures, j’ai été avec Solange et Manceau au chemin de fer, pour voir si Maurice arrivait. Il n’est pas arrivé, ce sera pour demain ; il ne s’est annoncé que pour demain. Nous avons passé sur la place de la Bastille, rien ; pas un bruit, pas un groupe, des soldats partout. Autour du Jardin des Plantes, des feux de bivouac. Au débarcadère, des fiacres, des équipages, pas de police apparente.

À notre retour, même calme. Solange est retournée chez elle avec ma voiture. Le B… est venu à dix heures me dire que la lutte commençait. Il a vu un vieillard et une femme tués tout fraîchement, dans la rue Saint-Nicolas. Par qui, comment, il ne le savait pas. On les plaçait sur des chaises, on allait les promener aux flambeaux.

La rue Saint-Martin était pleine de rassemblements et d’agitation. On parlait de sept à huit barricades, de charges de cavalerie. Tout cela vague et sans détails. Mais il a vu les deux morts.