Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/128

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Se dira-t-elle enfin, cette aveugle et malheureuse bourgeoisie, qu’elle ne peut pas se passer du peuple, qu’elle ne sait pas faire de barricades, qu’elle ne sait pas s’y défendre et qu’elle n’est que capable de se cacher au jour des coups d’État, ou de se faire tuer sans espoir de succès ?

Le divorce est consommé ! Il est déplorable, mais qui osera dire qu’il est injuste et lâche delà part du peuple ? Puisse cette leçon terrible, affreuse, ouvrir les yeux du tiers état, et amener un jour une réconciliation nécessaire ! Jusque-là, nous sommes perdus.

Le peuple est encore capable de se battre malgré son abstention actuelle, et encore capable de vaincre et l’armée et la bourgeoisie, quand il se lèvera unanime, furieux et désespéré. Mais que fera-t-il de sa victoire ? Il ne sait pas encore organiser, et d’ailleurs, on ne passe pas du jour au lendemain d’un état social consolidé par les siècles à un état social entièrement nouveau. Il faut des siècles à toute réforme fondamentale.

Nulle théorie socialiste ne saurait s’établir sur l’inconnu ; on n’extermine pas une classe