Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/127

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que le peuple. Les cosaques plutôt que la démocratie.

Et vous voulez que le peuple oublie cela ! Quelqu’un des Débats disait, le 3 décembre, à un de mes amis : Nous attendons le premier coup de fusil des rouges pour adhérer au coup d’État.

La garde nationale était mécontente, dit-on, de se voir mise de côté, et il est certain que cette imposante expression de la bourgeoisie a reçu le plus honteux, le plus déshonorant des soufflets.

Elle, habituée à intervenir dans toutes les crises sociales des temps modernes, à les résoudre par ses armes ou seulement par son opinion, elle qui conduisait la ligne au combat, lui désignant les victimes, ou se plaçant entre elles et l’armée, la voilà pour ainsi dire annulée, dissoute, mise hors de cause, et abandonnée au caprice des généraux de l’armée.

Funeste châtiment du parricide de juin ! elle n’a pas osé se montrer, se protéger elle-même, monter la garde à la porte de sa propre maison. Elle a eu peur du soldat, elle qui avait été brave quelquefois. Elle s’est sentie abandonnée du peuple.