Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

me demandai sans aucune émotion si j’étais morte.

Alors j’entendis une voix douce et faible qui disait à mon oreille ce seul mot : « Viens ! » Je ne pus faire l’effort de regarder autour de moi, une atonie complète me donnait enfin le calme absolu. Était-ce le sommeil ou l’extase ? Il me sembla que mon âme quittait le monde terrestre et que tout mon être la suivait dans les sphères de l’inconnu, mais cela s’opéra sans aucun effort, sans aucun trouble sensible.

Quel fut le voyage ? je l’ignore. Le temps et l’espace n’eurent plus de signification, je m’éveillai ailleurs, voilà tout ce que je sais, je m’éveillai en un monde dont je ne sais pas le nom, et en un temps dont je n’ai pas eu la notion.

L’endroit était si beau, si vaste, que malgré la langueur de mes esprits au réveil, j’en sentis le charme et la majesté. Mais je sentais plus que je ne voyais. Entre les splendeurs de cet endroit de la nature et ma vue fatiguée de ténèbres il y avait un voile que je supportais sans impatience et sans curiosité.

Je ne sais pas non plus si cet étal d’inerte