Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/259

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Telle est l’opinion que me laisse toujours la lecture de ses écrits en prose ou en vers, car je tiens à dire ici que je ne lui ai jamais parlé et que je ne connais réellement de lui que son œuvre. Et quand je me demande ce que je pense de lui, après chaque lecture nouvelle, je sens pour lui quelque chose de plus que de l’admiration, je sens que je l’aime.

En ceci, je ne suis pas toujours d’accord avec ceux qui le jugent sans l’approfondir et que blesse sa manière de parler de lui-même. Je me souviens du temps où j’étais choqué aussi de ce côté pédagogique ; mais, quand on est consciencieux et sincère, on reconnaît peu à peu que ceci est une manière, et rien de plus, j’oserais dire une vieille manière, le classicisme du romantisme, une méthode d’un goût déjà suranné qui consiste à placer le poète plus haut que l’homme, et qui n’empêche pourtant pas l’homme d’être aimable, aimant, tout à tous. Écartons donc ce voile de convention qui nous le cache et qui n’est qu’un costume de représentation.

Les anciens chaussaient le cothurne tragique vieux style ; on ne se défait pas de la tradition.