Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/261

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Il a le droit de nous scandaliser et dès lors il ne nous scandalise plus.

Il a le délire sacré des pythonisses, il s’élève à la manifestation de l’esprit dégagé de tout ce qui pèse sur nous. Il prend une place dont personne ne peut être jaloux, puisque personne n’eût osé la prendre, et que nul ne peut lui contester puisqu’il peut seul l’occuper. Ceci dit une fois pour toutes et ce divin orgueil accepté comme une prétention, non légitime chez le poète en général mais légitime chez celui-ci, voyons si la lucidité est à la hauteur de l’émotion et si ce voyant inspiré, qui semble percer l’inconnu, a la vision nette des choses connues.

Oui et non. Oui, au point de vue de l’éternelle philosophie ; au point de vue immédiatement historique, non.

Il s’intitule le penseur. Certes il pense beaucoup et il pense de haut. Mais son véritable nom serait le passionné, car tout est passion chez lui : la haine et l’amour, la mansuétude et la colère, l’indignation et la pitié ; son organe visuel est fait de passion comme son sens intellectuel ; son esprit a la faculté de se