Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/65

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devant le paysan furieux, si nous pouvions ainsi l’empêcher d’arriver jusqu’à vos femmes et à vos enfants.

Vous n’avez qu’un tort, je veux le croire ; ce tort, c’est de ne pas connaître la misère du peuple.

Si vous l’aviez vue de près et par vous-mêmes, vous ne donneriez pas de démentis à ceux qui vous disent que le paysan ne mange pas de viande et qu’en beaucoup d’endroits il ne mange pas même de pain. Vous perdez du temps à faire de longues enquêtes sur cet état de misère auquel vous ne voulez point croire. Eh bien, informez-vous, car nous espérons, nous croyons que cette science du mal vous inspirera pour trouver la science du bien. Mais informez-vous le plus vite possible, car la misère est à son comble et le paysan perd patience.

Nous savons bien ce qu’on peut dire pour condamner l’avarice du paysan qui refuse l’impôt. Nous sommes de si bonne foi que nous allons vous le dire nous-mêmes. Ce ne sont pas toujours les plus malheureux qui se plaignent le plus. Les plus malheureux on les épargne, et