Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/94

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Il était bien épouvanté de l’événement que, la veille, il paraissait non pas pressentir, mais désirer. C’est un homme intelligent, courageux, intéressé. Il méprise profondément le peuple, et déteste les socialistes. Je ne me suis pas amusée à discuter, je me suis interdit la discussion et commandé l’attention et l’examen. Il ne s’agit plus d’enseigner sans prévoir. Il faut connaître, il faut comprendre. Il faut voir le fait, étudier les hommes réels, et ne pas les gêner par la contradiction systématique. Autrement on les juge de travers et on parle à des abstractions. Je suis si maîtresse de moi à présent, que rien ne m’indigne plus. Je regarde l’esprit de réaction comme l’aveugle fatalité qu’il faut vaincre par le temps et la patience. Ô hommes ! vous briserez, mais vous ne convertirez pas, tant que la passion parlera sans écouter.

Il lui est échappé un mot, un seul mot du fond du sac en une heure de bravade, de finesse, de hardiesse et d’esprit : « S’il échoue, disait-il, personne ne peut reprendre le pouvoir conservateur. Légitimistes, orléanistes, tout cela est fini, impuissant, mort ! Après lui