Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/95

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la rouge, rien que la rouge ! » Et, alors se tournant vers moi et me regardant bien, il a ajouté : « Soyez cléments ! » Dans ce moment, des cris, des clameurs confuses, qui passaient comme des rafales sur le boulevard nous ont interrompus. « Qu’est-ce ? lui ai-je dit, le commencement ? — Non, a-t-il répondu, des imbéciles, des gamins qui font du bruit pour le plaisir d’en faire. » En effet, ce n’était qu’une rumeur passagère, des cris, des rires, des chants, des menaces et des huées, puis on fuyait rapidement à l’approche ou seulement à l’idée des sergents de ville ; ce n’était pas le rugissement du lion.

Dans les couloirs du théâtre, les comparses passaient en riant, en chantant, et en se poussant avec une insouciance admirable : « Ceux-là sont sans crainte et sans soucis, ai-je dit au directeur. — Ah I m’a-t-il répondu, qu’ont-ils à perdre ? Quant à nous, cela nous ruine ; en voilà pour un mois à jouer dans le vide. »

La foule était assez compacte, quand j’ai remonté dans ma petite voiture de louage pour traverser le boulevard. Hors delà, rien. Paris un peu plus triste que de coutume, voilà tout.

J’ai passé le reste de la soirée au coin de