Page:Sand - Tamaris.djvu/108

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Et la Zinovèse se mit à pleurer, les mains sur ses genoux et la figure dans ses mains.

— Voyons ! il faut tâcher de la guérir, me dit la marquise avec un accent de bonté. Vous irez demain, docteur, et je suis sûre que vous lui donnerez du courage. — Qu’est-ce que je vous disais ? ajouta-t-elle lorsqu’en rentrant sous la forêt nous nous retournâmes pour regarder une dernière fois la Zinovèse immobile, absorbée dans sa douleur : elle pleure son passé, comme la fille de Jephté pleurait son avenir. Elle est moins intéressante ; pourtant… Si elle allait s’évanouir là ?… Non, elle se lève et s’en va d’un pas assez ferme. La jugez-vous perdue ?

— Je ne peux rien juger ainsi ; l’auscultation m’éclairera.

— Alors vous y allez demain ? On vous verra peut-être ?

— Est-ce que vous irez au cap Sicier ?

— Je ne sais pas encore ; mais, si je n’y vais pas, vous repasserez bien par Tamaris ?

— Oui, d’autant plus que j’ai à revoir Pasquali pour mon affaire.

— En vérité, je regrette que cette terre dont vous héritez soit mal située, et que vous ne puissiez pas planter un chalet suisse au milieu de vos artichauts ! Quel honnête et bon voisinage c’eût été pour Paul et pour moi ! Vous lui auriez appris bien des choses excellentes. Je vous l’aurais envoyé en toute con-