Page:Sand - Tamaris.djvu/125

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et en feuillée dans ce temps-là, — j’ai été emporté avec sur cette pointe de rocher que vous voyez là-dessous. Heureusement, il s’est trouvé un petit arbre pour me retenir. Les plus mauvais coups de vent ici sont ceux qui tournent tout d’un coup de l’est au nord-ouest. Ça vous prend comme en tire-bouchon et vous enlève ; mais il y a aussi de bonnes nuits. Quand on étouffe dans les villes et même dans les maisons à la côte, ici, l’été, on est content de respirer, et, de temps en temps, on regarde la lune pour se désennuyer de regarder la mer.

— Avez-vous affaire aux contrebandiers quelquefois ?

— Non, la côte est trop mauvaise, la calangue est petite et trop facile à surveiller. Vous voyez ces deux pointes de rocher qui sortent de la mer à cinq cents mètres de la falaise. On les appelle les freirets ou les frères, parce que de loin les écueils ont l’air d’être tout pareils. Eh bien, toute la falaise est bordée de roches sous-marines du même genre, et on appelle ces endroits-là les mal-passets. Ce n’est donc pas une plage pour débarquer de la contrebande dans les mauvaises nuits, et, quand la mer est douce, nous entendons tout. Notre affaire, c’est de regarder, aussi loin que nous pouvons voir, s’il n’y a pas quelque embarcation en détresse, afin d’aller avertir le poste et porter secours. Vous voyez que nous faisons plus de bien que de peine aux gens de mer, et nous sommes aimés dans le pays.