Page:Sand - Tamaris.djvu/143

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une femme vertueuse, dévouée à son enfant malade, attachée à ses devoirs et jalouse de sa réputation ?

— Ne parlez pas de madame Martin, repris-je avec vivacité. Elle n’est pas ici en cause. Vous ne la connaissez pas. Vous ne pouvez rien dire à propos d’elle qui ait le sens commun !

— Ah ! pardonnez-moi, mon cher ; je sais par Pasquali, qui est homme de bon jugement, que c’est une femme adorable, et j’ai vu par mes yeux qu’elle est belle à faire tourner des têtes plus solides que la mienne. La vôtre a beau être défendue par les sophismes d’une fausse expérience ; vous êtes jeune, que diable ! et je vous dirai ce que vous me disiez l’autre jour : vous n’êtes ni plus laid ni plus sot qu’un autre. Vous n’êtes pas non plus un dieu, je le constate, et je suis certain que vous ne versez pas de philtres sous forme de potion à vos malades ; mais cette femme est veuve, elle est seule, elle est sage, elle s’ennuiera demain, si elle ne s’ennuie déjà aujourd’hui. Elle aura besoin d’aimer ; plus elle est pure et vraie, plus ce besoin sera impérieux. Vous serez là, vous, épris, éperdu peut-être, tout prêt à parler, si vos yeux et vos pâleurs subites n’ont parlé déjà, — car vous avez, depuis deux jours, des yeux distraits et des pâleurs subites, je vous en avertis ! Vous êtes amoureux, mon cher, je m’y connais ; la semaine prochaine vous serez fou, — et peut-être