Page:Sand - Tamaris.djvu/146

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avenir et celui de mon fils pour charmer les loisirs de ce monsieur, qui n’a pas seulement le bon goût de me cacher son émotion, et qui dès lors n’est certes pas capable de devenir mon appui et celui de mon fils dans l’avenir. » Voilà mon raisonnement, cher ami ; il manque d’éloquence, mais il vaut bien le vôtre.

— D’où il résulte qu’étant un fou, je n’ai eu affaire qu’à des folles ?

— Eh mais !…

— Savez-vous, dit-il en riant, la morale de tout ceci ? C’est que vous me donnez une envie furieuse de devenir un homme raisonnable et d’aimer éperdument une femme gouvernée par la raison !

On dérangea notre tête-à-tête, et, quand je rentrai à mon hôtel, j’écrivis au baron de la Rive. J’étais assez content de moi, la Florade m’avait rappelé à moi-même. J’étais bien résolu à me défendre de mon propre cœur, et je ne pouvais admettre un seul instant qu’à propos de moi la marquise pût jamais avoir à combattre le sien.

Je passai huit jours sans la revoir. J’avais des nouvelles de Tamaris par Aubanel et Pasquali. Paul allait bien. La marquise vivait dans une sérénité angélique. Je hâtai la conclusion de mon affaire. Mademoiselle Roque ne se décidait à rien, et, ne voulant pas attendre indéfiniment son caprice, je vendis ma zone d’artichauts le moins mal possible à