Page:Sand - Tamaris.djvu/151

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Non, pas plus que je ne veux l’être de sa mère. La Florade est aventureux. Il recule sans doute encore devant l’idée de conquérir la fortune avec la femme : mais il est homme à accepter et à dominer à force de cœur et d’audace les plus délicates situations… Oui, oui, il osera ce que je n’oserais pas, et ce sera tant mieux pour elle. Il saura l’étourdir sur les dangers et les déboires de la lutte engagée avec le monde en s’étourdissant lui-même, et tout ce qui me paraît obstacle et malheur sera pour eux l’aiguillon de l’amour. Allons ! pas un mot, pas un regard qui trahisse ma souffrance. Dans huit jours, j’installerai le baron et je fuirai, laissant à la marquise un conseil et un appui sérieux. — Moi, j’oublierai, puisqu’il le faut !

J’essuyai la sueur froide qui coulait de mon front, je remontai les degrés de la noria, je redescendis ceux de la bastide, et j’étais au rivage quand le canot y déposa ses passagers. Malgré moi, mon premier regard fut pour la Florade. Sa physionomie était sérieuse et comme éteinte par le respect. Il n’y avait certes rien à reprendre dans son attitude. J’en fus d’autant plus consterné. Trop confiant en lui-même, il eût certainement déplu.

La marquise me fit le bon accueil des autres jours, et témoigna du plaisir à me voir ; mais elle rougit sensiblement. Pasquali eut un sourire de sphinx, qui n’était peut-être qu’un sourire de cordialité. Il me