Page:Sand - Tamaris.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’un de vos meilleurs amis. Il est très-jeune, très-décoré, très-gradé pour son âge. Il est doux, brave et intelligent, et après ?

— Après, dit Pasquali, c’est le meilleur enfant de la terre. Pourtant… je ne vous l’aurais jamais présenté chez vous. Il venait me chercher dans son canot d’officier ; vous partiez pour le même but dans une grosse barque, un vrai fiacre. Vous auriez mis deux heures, Paul se serait enrhumé. Je vous ai conseillé d’accepter l’offre du lieutenant. Votre santé et celle du petit avant tout !…

— Oui, oui, reprit-elle, nous avons tous bien fait. La promenade a été charmante, votre ami très-obligeant. J’aurais été prude de refuser son embarcation avec votre compagnie ; mais pourquoi me dites-vous que vous ne me l’eussiez jamais présenté chez moi ?

— Parce que c’est un jeune homme, et que vous ne voulez pas recevoir de jeunes gens, en quoi vous avez raison.

— Je reçois pourtant le docteur, qui n’est pas précisément un vieillard.

— Oh ! moi, répondis-je avec un rire forcé, je ne compte pas : un médecin n’est jamais jeune.

— Alors, reprit la marquise en souriant et en s’adressant au voisin, vous n’avez pas d’autre motif pour ne pas m’amener votre filleul que sa qualité de jeune homme ?