Page:Sand - Tamaris.djvu/154

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— Ma foi ! vous m’embarrassez, répondit Pasquali. Questionnez donc un peu le docteur ; c’est à son tour de parler.

— Oui, voyons, docteur ! reprit la marquise.

Pasquali, qui était fin sous son air d’insouciance habituelle, me regardait dans les yeux. Je fis l’éloge de la Florade sans restriction et avec un peu de ce feu héroïque dont j’avais fait provision sous les pampres de la noria.

La marquise m’examinait aussi avec une attention extraordinaire.

— Alors, dit-elle quand j’eus fini, vous ne m’approuveriez pas de fermer ma porte à votre ami, s’il venait me voir avec son parrain ou avec vous ?

Je ne pus surmonter un peu d’amertume. Je lui témoignai ma surprise d’avoir à examiner une question de prudence et de convenance avec une femme qui savait le monde mieux que moi. Je me récusai quant au conseil à donner, et j’ajoutai que je n’aurais probablement pas l’occasion d’accompagner la Florade chez elle, puisque je partais dans huit jours. Et, comme ce sujet de conversation commençait à dépasser mes forces, je la priai de vouloir bien m’écouter sur un autre sujet plus intéressant peut-être pour elle et pour moi. Pasquali se levait par discrétion : je le retins et présentai à la marquise la lettre du baron : après quoi, pendant qu’elle en prenait lecture, je suivis notre hôte au fond de son petit jardin.