Page:Sand - Tamaris.djvu/163

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tume sous un air d’enjouement, que votre curiosité dût être éveillée à ce point par le récit d’une aventure de ce genre.

— L’aventure m’a été présentée comme innocente, reprit-elle. M’avez-vous trompée ? Voyons.

— La Florade est homme d’honneur, il m’a donné sa parole. Mademoiselle Roque est pure, mais elle est trop dépourvue de toute idée des convenances pour que sa passion ne vous suscite pas quelque désagrément.

— Mais pourquoi ? Puisque M. la Florade l’aime, ne peut-il l’épouser ?

— Mais s’il ne l’aime pas ? Elle s’abuse étrangement, je vous le déclare.

— Ah ! pauvre fille ! Il l’a donc moralement trompée et séduite, car elle jure qu’il l’aime. Elle avoue qu’il est un peu bizarre et quinteux avec elle, qu’il a souvent l’air de l’abandonner, qu’il refuse d’aller la voir par crainte d’être blâmé de son peuple, mais qu’en dépit de tout cela il est très-ému auprès d’elle, et qu’il ne la quitte jamais sans avoir les larmes aux yeux. Est-ce donc un perfide, votre ami la Florade ? Il n’a pas cet air-là. J’ai, au contraire, été frappée de sa physionomie ouverte et de ses manières franches. Je crois bien plutôt qu’il aime réellement Nama, mais que quelques empêchements de position, de fortune ou de préjugé le forcent à renoncer à elle. Je voudrais les connaître, ces empêchements, afin