Page:Sand - Tamaris.djvu/188

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n’avait rien à faire. L’excellent homme, en me sacrifiant sa pipe et son batelet, faisait pourtant une grande chose. Enfin je pus me lever et vivre un peu au salon avec ces généreux amis. Il m’était prescrit et je sentais bien devoir de prescrire à moi-même de ne pas m’exposer à l’air extérieur avant une semaine encore : le temps passant du mistral au vent d’est et réciproquement avec opiniâtreté, la chaleur du printemps ne se faisait pas. J’étais très-calme, soit que la maladie m’eût beaucoup affaibli, soit que le sacrifice de ma passion fût accompli sérieusement ; je voyais la marquise sans trouble pénible et je lui parlais sans effort. J’avais pourtant lieu de m’étonner de ce que, par le menu, on m’avait appris.

Durant ces trois semaines qui venaient de s’écouler, mademoiselle Roque avait fréquenté assez régulièrement la marquise. La Florade ne s’était pas présenté chez cette dernière ; mais on s’était rencontré chez Pasquali d’abord, chez le baron ensuite ; car, le lieutenant étant venu me voir durant la période la plus grave de ma maladie, mon vieux ami l’avait accueilli paternellement et engagé à revenir le plus souvent possible. La Florade plaisait au baron : à qui ne plaisait-il pas ? Il savait mettre tout son cœur sur sa figure et dans sa parole. On m’expliquait tout cela du ton le plus naturel : mais il y avait quelque chose qu’on ne disait pas et que je n’osais pas demander : c’était le résultat de la conférence entre la marquise