Page:Sand - Tamaris.djvu/191

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j’ai cru devoir appuyer le raisonnement de la Florade. Je regarde mademoiselle Roque comme un enfant qu’il faut sauver, et tu sais qu’avec les enfants on ne se gène pas beaucoup pour arranger la vérité. Si tu avais à arracher une dent au petit Paul, tu lui promettrais de ne pas le faire souffrir.

— Non, je lui persuaderais d’avoir un peu de courage, et je crois que madame d’Elmeval eût pu faire l’éducation morale de Nama.

— Elle la fera, sois tranquille ; mais il fallait aller au plus pressé et l’empêcher de mourir.

— En était-elle là ?

— Le médecin était inquiet de cette maladie sans nom qui ne la maigrissait pas et qui avait son siège dans le cerveau. Quand elle sera guérie et forte, si elle le devient, il sera temps de la détromper. La marquise s’est laissée attendrir par la pitié que cette fille lui inspire, et, grâce à la complaisante crédulité de Nama, elle a pu se dispenser de l’espèce de mensonge qui lui coûtait tant. À peine lui a-t-on eu dit que sa mère était veuve de la Florade père avant de connaître M. Roque, qu’elle a tout accepté sans questions et presque sans étonnement. « Je vois pourquoi, a-t-elle dit, la Florade est venu me voir aussitôt la mort de M. Roque, et pourquoi tout de suite j’ai senti que je l’aimais. « 

— Allah est grand, répondis-je, et la Florade est