Page:Sand - Tamaris.djvu/21

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— Eh bien, puisque vous êtes un bon garçon et un honnête homme, je prendrai les intérêts des deux parties. Cela vaut quinze mille francs. Mademoiselle Roque a de quoi payer comptant une portion de la somme. Avec le temps, elle acquittera le reste.

— C’est une honnête personne ?

— Vous ne la connaissez donc pas ?

— Pas plus que je ne connais la propriété.

— Vous n’êtes pas curieux !

— On m’a dit que l’endroit était triste et laid, et, quant à la fille, j’aurais cru manquer au savoir-vivre en allant faire une sorte d’expertise chez elle.

— Oui, vous avez raison ; je vois que la Florade m’avait dit la vérité sur votre compte.

— Vous connaissez donc la Florade ?

— Pardieu, si je le connais ! il est mon filleul. Un charmant enfant, n’est-ce pas ? une diable de tête ! Mais, à son âge, je raisonnais un peu comme lui ! Me voilà vieux, j’aime la pêche, je m’y donne tout entier. Vous, vous aimez la science… Au bout du compte, chacun en ce monde court à ce qui lui plaît, et il n’y a que les hypocrites qui s’y rendent en cachette.

Là-dessus, le franc marin me força d’accepter un verre d’excellent vin où il me fit tremper un pain frais de biscuit de mer.

— Je n’ai pas d’autre gala à vous offrir, me dit-il ; car je n’ai pu aller à la pêche ce matin. Il y avait