Page:Sand - Tamaris.djvu/214

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impossible de lancer une déclaration sous forme de métaphore.

Elle s’était levée pour partir ; mais, avant tout le monde, elle remarqua que j’étais fatigué, et, se rasseyant :

— Le docteur a couru, dit-elle, c’était trop tôt ! Donnons-lui le temps de se remettre.

La Florade n’était pas homme à mordre ses lèvres avec dépit. Il s’occupa de moi au contraire avec une sollicitude extrême. Il semblait dire à la marquise : « J’aime tout ce que vous aimez, en attendant que vous m’aimiez seul. » Il n’était pas invité à s’asseoir dans le groupe, il vint se percher près de moi pour me questionner sur ma toux, sur mes insomnies, de l’air le plus naturel et le plus affectueux. Et puis il trouva moyen de reconquérir le baron, qui était froid pour lui, en le prenant pour arbitre d’une discussion qui avait eu lieu entre les érudits du bord à propos d’un texte latin que, grâce à sa bonne étoile, il entendait dans le même sens que M. de la Rive. Et puis Paul, qui l’adorait, le retint au moment où il se voyait forcé de partir, et il eut des yeux d’aigle pour apercevoir un nid d’oiseau dans une crevasse de rocher. Il fit monter l’enfant debout sur son dos, afin qu’il pût y atteindre. Il tua d’un coup de talon, avec une adresse crâne, un serpent qui effrayait Nama. Il fit pour Paul une botte de fleurs, espérant que la marquise y puiserait, et