Page:Sand - Tamaris.djvu/251

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ni effort, elle la recevait avec la plus parfaite aménité. La Zinovèse s’assit au bout du banc. Madame d’Elmeval fut un peu surprise de me voir me placer entre elles. Au bout d’un instant, elle comprit ou devina que je n’étais pas absolument tranquille.

— Et comme ça, dit la Zinovèse après avoir remercié la marquise aussi poliment qu’il lui était possible, vous ne venez donc plus vous promener du côté de chez moi ? Vous allez sur mer plus souvent que sur terre, n’est-ce pas ?

— Non, pas très-souvent.

— Il y a des officiers de marine qui vous promènent dans les canots de l’État pourtant ?

— Une seule fois, répondit la marquise avec un sourire de douceur railleuse.

— Ah ! une fois ?

— Vous trouvez que c’est trop ?

— Une fois suffit pour se perdre… en mer !

— Certaines gens ont du bonheur et ne se perdent nulle part !

— Ah ! oui ? Quelles gens donc ?

— Les bonnes personnes que Dieu protège.

— Les femmes qui aiment leurs maris, vous croyez ?

— Ou celles qui aiment leurs devoirs, leur bonne renommée, leurs enfants surtout !

— Et il y en a qui ne les aiment pas, vous dites ?