Page:Sand - Tamaris.djvu/255

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trant la Zinovèse, qui s’éloignait sur le golfe, enlevant d’un bras vigoureux sa petite barque ; elle s’en va, elle ne vous hait pas en ce moment, Paul est bien en sûreté, je suis là, et vous avez le temps d’aviser. Calmez-vous donc ! Pourquoi vous affecter ainsi ?

— Savez-vous ce que je remarque ? répondit la marquise en regardant avec attention l’élégante batelière. C’est qu’elle a sans façon détaché un des canots de pêche de Pasquali, et qu’elle s’en sert pour retourner chez elle. Elle n’ira que jusqu’à la plage de sable qui ferme le golfe, et, là, je vois une autre barque qui est sûrement la sienne… Mais vous savez si Pusquali aime qu’on touche à ses canots, et comme les pêcheurs du rivage sont avertis de ne pas s’en servir sans sa permission ! Eh bien, il faudra qu’il aille chercher celui-ci demain aux Sablettes, si la Zinovèse daigne l’y amarrer et ne pas le laisser flotter au hasard. Cette femme ne connaît pas d’obstacles à sa volonté, elle est partout comme en pays conquis. Je la crains, vous dis-je, et j’ai raison de la craindre ! Elle fera quelque malheur, comme on dit. Elle tuera Paul, ou moi, ou la pauvre Nama, si ses soupçons tombent sur elle, ou bien vous, si elle apprend que nous la trompons,… ou la Florade lui-même… Que sais-je ? Elle est entrée ici comme un interrogatoire, et elle s’en va comme une menace. Ah ! pourquoi m’a-t-on amené ce la Flo-