Page:Sand - Tamaris.djvu/263

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et tu ne crains pas la vengeance d’une femme poussée à bout !

— Non, je ne crains rien, répondit-il, rien que de n’être pas aimé de celle que j’aime.

— Mais c’est d’un affreux égoïsme, ce que tu dis là ? Tu ne songes qu’à toi !

La Florade ne me comprenait pas. Quand je lui racontai les terreurs de la marquise et la défense qu’elle lui faisait de la voir jusqu’à nouvel ordre, il fut en proie à l’étonnement le plus sincère.

— Comment ! s’écria-t-il, on craint pour Paul ? Mais c’est fantastique, cette idée-là ! Ah çà ! vous prenez donc cette Zinovèse pour une mégère ou pour une Brinvilliers ?

Et, passant tout à coup à la joie :

— Ah ! mon ami, s’écria-t-il, est-ce que la marquise la craint ? est-ce qu’elle a un peu souffert en la voyant ? est-ce qu’elle l’a trouvée belle à présent qu’elle est guérie ?

— Ainsi tu voudrais voir la marquise jalouse ? tu voudrais la faire souffrir ?

— Je ne veux rien que la voir émue. Sa froideur et son empire sur elle-même me tueront !

— Toi, toujours toi ! jamais son bonheur et son repos ! Voyons, puisque c’est à moi d’y songer à ta place, parle-moi de cette Zinovèse. Tu ne la crois donc pas aussi méchante qu’elle le paraît ?