Page:Sand - Tamaris.djvu/265

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un crime de la voir en secret, je ne peux rien savoir.

— N’était-ce pas pour tâcher de lui parler que tu rôdais tout à l’heure sur la colline ?

— Oui, pour lui parler, ou lui lancer un billet qu’elle se serait fait lire par Pasquali, elle l’a mis dans toutes nos confidences. Mais comment m’as-tu vu ? Est-ce que d’ici on peut… ?

— Apparemment.

— Malédiction ! rien ne me réussit maintenant ! Vrai, la destinée, qui me souriait, qui me protégeait, qui me rendait invulnérable et invisible dans toutes mes aventures, m’abandonne depuis quelque temps. Il y a partout des yeux qui me guettent, des oreilles qui m’entendent… Et voilà une femme que j’aime avec frénésie, et qui ne se laisse ni émouvoir ni deviner ! Ah ! je n’ai plus de chance, et je crains de n’avoir plus de bonheur !

J’étais fort surpris de voir la Florade si peu informé de sa victoire et si découragé à la veille du triomphe. D’un mot, je pouvais l’enivrer de joie ; mais cela m’était défendu expressément, et, mon cœur ne s’y fût-il pas refusé, la délicatesse s’opposait à toute confidence. La marquise n’en était encore qu’aux larmes. Elle voulait combattre encore ; elle devait avoir consulté le baron ; elle voulait probablement me consulter aussi. La Florade avait bien le temps d’être heureux, et j’avais beau vouloir m’intéresser à lui, je ne pouvais me résoudre à le plaindre.