Page:Sand - Tamaris.djvu/267

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sur l’honneur, ce n’est pas autre chose ! C’est un aliment donné à mon imagination et un peu aussi à mon cœur, car je ne sais pas haïr et dédaigner une femme qui m’a plu et qui m’aime toujours. La Zinovèse vaut mieux que tu ne penses. Ce n’est pas une créature sensuelle, c’est une âme passionnée, ce qui est fort différent. Elle ne demandait ni ne désirait de redevenir ma maîtresse. Elle avait des remords de ce passé-là, car elle est pieuse et nullement corrompue ni dégradée. Elle ne réclamait qu’une affection pure, le repentir de mes fautes et un sentiment qui la relevât à ses propres yeux ; je ne me le dissimule pas, c’est surtout son orgueil que j’avais froissé par l’abandon. Tout cela, je le lui devais, et, comme dans ces nouvelles relations rien ne s’opposait à ce que je fusse en bons termes avec son mari, j’ai promis d’aller la voir, chez elle, ouvertement, dans sa famille, et j’ai tenu parole. J’y suis retourné trois fois ; j’ai chassé et péché avec le brave Estagel, un digne, un excellent homme ; j’ai mangé chez eux, et hier au soir, comme nous avions été loin sur la côte, lui et moi, à la poursuite d’un lièvre endiablé, j’ai passé la nuit sous leur toit, moi dans une chambre où dormaient les deux petites filles, les époux dans une autre chambre. Tu vois que tout est pour le mieux, et qu’il n’y a pas de sujet de mélodrame dans tout cela.

— Pourtant madame Estagel est toujours jalouse,