Page:Sand - Tamaris.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

c’est moi qui suis cause de cette affreuse mort !

— Non, rassurez-vous, elle n’accusait plus que mademoiselle Roque.

— Qu’est-ce que cela signifie ? s’écria la marquise après avoir jeté les yeux sur le fatal billet de la Florade. Nama n’est donc plus sa sœur ? Il veut donc séduire aussi cette pauvre fille ?

— Non ! Qu’il soit ou non son frère, qu’il ait des doutes là-dessus ou qu’il n’en ait pas, il la traite comme une sœur. Vous voyez bien qu’il ne s’agit là que de vous. Ne vous a-t-elle jamais parlé de lui ?

— Si fait, et je lui ai imposé silence ; mais c’est toujours moi qui suis la cause indirecte du désespoir de la Zinovèse. Dieu sait pourtant que je n’ai rien à me reprocher ! C’est égal, je la verrai longtemps dans mon sommeil, cette charmante brune, avec sa chemisette blanche et ses colliers d’or ! Quelle animation dans sa parole, quel feu dans ses regards il y a vingt-quatre heures ! Et aujourd’hui plus rien ! Des enfants qui pleurent, un mari désespéré, un coupable qui se repent trop tard… car il se repent, n’est-ce pas ? Il doit être brisé ?

— Il ne sait rien encore, je ne l’ai pas vu.

— Comment cela se fait-il ? Il a passé par chez nous, il y a deux heures !

— Vous l’avez vu ?

— Oui, et je lui ai parlé, répondit sans hésitation