Page:Sand - Tamaris.djvu/289

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la marquise. Il m’a juré de reporter la bague à l’instant même.

— Il aura pris par l’intérieur de la presqu’île et se sera arrêté en route. À l’heure qu’il est, il est probablement arrivé.

— Et il est bien à plaindre alors à l’heure où nous parlons !

Je quittai le bras de la marquise.

— Où allez-vous ? dit-elle.

— Je retourne là-bas. Je vais tâcher de guérir sa conscience, qui doit être aussi malade que son cœur. Je vais lui dire que vous le plaignez et ne le maudissez pas !

— Pourquoi le maudirais-je ? reprit-elle. C’est à Dieu de l’absoudre ou de le châtier. Notre devoir, à vous comme à moi, est d’avoir pitié pour tous ; mais vous le laisserez un peu à ses justes remords. Vous êtes trop fatigué. Je ne veux pas que vous retourniez là-bas.

Elle reprit mon bras avec une sorte d’autorité et se remit à marcher vite. J’étais confondu de son courage, de la mesure de douceur et de sévérité qui présidait à son jugement sur la Florade. J’admirais tristement la tranquillité de son âme au milieu d’un événement qui ne parlait qu’à sa pitié miséricordieuse.

— Elle est sainte, me disais-je, elle aime saintement. Elle le grondera sans doute, mais il est déjà