Page:Sand - Tamaris.djvu/302

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fallu que le brancard qui rapportait la Florade à Tamaris n’eût rencontré le modeste convoi qui transportait la Zinovèse au cimetière de Brusc. Le brigadier était calme dans son abattement ; sa reconnaissance, sans expansion, était profonde. Quand la marquise lui offrit de garder ses enfants et de les faire élever, une larme vint au bord de sa paupière ; mais il la retint, et, ne sachant pas remercier, il fit le mouvement involontaire, aussitôt réprimé par le respect, de tendre la main à la marquise. Celle-ci le comprit, et lui tendit la sienne. La grosse larme se reforma et tomba sur la moustache épaisse du douanier.

— Vous comprenez, dit-il après un moment de silence. Mes enfants, c’est tout, à présent ! je ne pourrais pas vivre sans ça. D’ailleurs, j’ai de quoi les élever, et je ne voudrais pas leur voir prendre des idées au-dessus de leur état ; ce serait le plus grand malheur pour des filles.

Les petites rentrèrent et caressèrent avec adoration la marquise, qui permit à Paul de les reconduire avec Marescat jusqu’aux Sablettes. Le bon et généreux cœur de Paul se montrait là tout entier. Il embrassa si tendrement Estagel, que la force de l’homme fut vaincue par la grâce de l’enfance. Il fondit en larmes, et cet attendrissement le soulagea beaucoup.

La marquise me parla de la Florade avec le même