Page:Sand - Tamaris.djvu/303

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calme et la même douceur que les jours précédents. Je remarquai avec surprise que sa figure n’était presque pas altérée, et qu’elle ne me faisait aucune espèce de question sur l’accident terrible auquel il échappait par miracle. Elle ne paraissait occupée que de moi ; elle savait par Marescat et par le brigadier les soins que j’avais prodigués à la Florade après avoir couru quelques risques pour le retrouver. Elle me témoignait, pour cette chose si simple, un attendrissement extraordinaire, sans aucune expression de reconnaissance personnelle.

Au bout d’une heure, je retournai auprès de mon malade. Il était animé et demanda à être seul avec moi ; mais à peine eut-il dit quelques mots, que je le sentis divaguer. Il voulait me parler de moi, de Nama, de la marquise ; mais le nom de la Zinovèse se mettait malgré lui à la place des autres noms. Il avait l’esprit frappé, et je craignis un sérieux désordre du cerveau, car il n’avait pas de fièvre. Je le fis taire. Peut-être avait-il bu un peu trop de vin. Je guettai tous les symptômes, et bientôt la fièvre se déclara sans cause déterminée. Le lendemain, j’hésitais encore sur la nature du mal. Vers le soir, une fièvre cérébrale se déclara franchement, elle fut très-grave ; mais la belle et jeune organisation du malade me permit un traitement énergique, et il fut promptement hors de danger ; après quoi, j’augurai avec raison que la convalescence serait longue et tour-