Page:Sand - Tamaris.djvu/304

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mentée par un état nerveux fort pénible. L’image de la Zinovèse revenait avec la présence d’esprit, et le malade ne trouvait d’allégement que dans l’abattement de ses forces. Il ne parlait plus jamais de la marquise ; je remarquai que, même dans le délire de la crise, son nom ne lui était pas revenu une seule fois.

Un soir, tout à coup il se fit en lui une lumière, et il me dit :

— Mon ami, j’ai eu la tête si troublée, que j’ai oublié beaucoup de choses. Comment se porte la marquise ? Êtes-vous mariés ?

— Tais-toi, lui dis-je, tu ne sais pas encore ce que tu dis ; je n’ai jamais dû épouser personne.

— Je n’ai pourtant pas rêvé,… non, non, je n’ai pas rêvé cela ! Le jour…, l’affreux jour de la mort… tu sais !… Je ne savais rien, moi. J’avais réfléchi, je reportais la bague… Oui, c’est bien cela ; mais je voulais voir Nama, je suis monté à Tamaris. C’est bien tout près d’ici. Tamaris ? Où suis-je à présent ?

— Tais-toi donc ! Je te défends de te préoccuper de rien !

— Tu as tort. Je fais, malgré, moi, pour me souvenir de tout, des efforts terribles. Tiens, vois, la sueur m’en vient au front. Nama sait bien cela, elle ne me laisse pas chercher, et je suis soulagé quand je vois clair dans ma tête. Laisse-moi donc te dire… puisque cela me revient… Oui, ce jour-là, j’ai vu la