Page:Sand - Tamaris.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tion. Il avait fort envie de s’intéresser à notre bonheur ; mais, loin d’en être jaloux, il se réjouissait presque naïvement d’être guéri d’une passion qui avait failli lui coûter si cher, et dont les conséquences avaient causé de si cruels désordres dans son organisme.

— Sais-tu, me dit-il, que j’ai des insomnies désespérantes ? Toujours cette femme morte, et toujours cette vague noire et le poignet de fer du brigadier que je sens entre mes côtes quand je respire sans précaution ! Ah ! tu me vois bien démoli ! Moi qui aurais bu la mer et avalé la tempête, je suis forcé de mesurer l’air que j’absorbe, et, quand la houle est forte, j’ai le vertige ! Si ça continue, je serai réduit à quitter le service.

— Non, tu guériras ; mais, à propos du brigadier, où en êtes-vous ? Avez-vous fait bien sincèrement la paix ?

— Je crois que oui, je l’espère ; mais je n’en suis pas sûr. Tant que j’ai été sur le flanc, il a paru s’intéresser à moi ; depuis que je suis sur pied, je n’ai plus entendu parler de lui. Il est vrai que je ne suis jamais retourné de ce côté-là, et je t’avoue qu’il me serait très-désagréable de recommencer une partie de lutte avec lui.

— Il faudrait pourtant en avoir le cœur net. La marquise m’a dit que, le lendemain de ton accident, il lui avait tout confié, et qu’elle lui avait fait jurer