Page:Sand - Tamaris.djvu/317

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l’épouser. J’ai dans l’idée qu’il y a pensé, car il n’est pas plus son frère que ne suis ton neveu. L’historiette est toute de sa façon. La fameuse almée dont son père s’était épris à Calcutta ou au Caire était tout simplement une Alsacienne rencontrée sur la Canebière, et qui ne lui a jamais donné aucune espèce de postérité. En me racontant cela, le coquin m’a dit qu’il dissuaderait Nama le jour où il la verrait bien guérie de son amour pour lui ; mais ce jour-là ne viendra guère, s’il continue à nous rendre visite quatre fois par semaine. Le diable m’emporte ! je crois qu’il est touché de cet amour-là ; mais il est encore si fantasque, que je n’ose pas lui en parler. Vois-le donc et tâche de lui délier la langue.

J’allai trouver la Florade à son bord. Il était très-changé. Ses cheveux s’étaient beaucoup éclaircis, ses yeux n’avaient pas retrouvé leur bizarre entourage coloré et leur ardente expression. Il était plus pâle, plus distingué et d’une beauté plus sérieuse et plus douce. Ses forces étaient revenues, mais ses nerfs le faisaient souffrir encore presque tous les jours, et il se préoccupait de lui-même et de sa santé en homme qui aime la vie, qui croit à la possibilité de la perdre, et qui n’a plus la moindre envie d’en abuser. Il montra une grande joie de me revoir, me témoigna la plus ardente reconnaissance, et m’entretint longuement de ses souffrances. Il me parla fort peu de la marquise, et je vis qu’il n’y mettait pas d’affecta-