Page:Sand - Tamaris.djvu/36

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— Je l’avais, je ne l’ai plus.

— Que ne le disiez-vous ? Vous auriez fait le prix vous-même.

— Moi, je n’y entends rien, et je m’en serais rapporté au parrain. Je m’étais imaginé que c’était une affaire de deux ou trois mille francs ; mais la différence est trop grande. Je n’ai pas le sou, je n’attends aucun héritage, il n’y faut plus songer.

— Comment ! m’écriai-je en riant, vous êtes Provençal à ce point-là, de penser déjà, vous, marin de vingt-huit ans, à l’achat d’un verger et d’une bastide ! Si quelqu’un me semblait devoir être exempt de cette manie locale, c’est vous, le roi du beau pays d’imprévoyance.

— Aussi, répondit-il, n’était-ce pas pour moi… On a toujours quelque parent ou ami à caser ;.… mais n’en parlons plus, je chercherai autre chose. — Vous me disiez donc que la fameuse batterie était abandonnée ? Je savais cela. J’y ai été, comme vous, à l’aventure, et j’ai vu avec chagrin que le caprice de la pioche du propriétaire peut la faire disparaître d’ici à demain. Les antiquaires cherchent avec amour sur nos rivages les vestiges de Tauroëntum et de Pomponiana ; on a écrit des volumes sur le moindre pan de muraille romaine ou sarrasine de nos montagnes, et vous trouveriez difficilement des détails et des notions topographiques bien exactes sur le théâtre d’un exploit si récent et si grandiose ! Aucune