Page:Sand - Tamaris.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un étranger, m’offrir un siège et s’asseoir elle-même sur le divan, ni plus ni moins qu’une Française qui se dispose à faire la conversation ; mais elle ne trouva rien à me dire, et ne chercha rien ; ce qui, je le reconnus, valait mieux que de parler à tort et à travers. J’avais donc à faire tous les frais de la conversation. J’allai droit au but en lui parlant du projet de notre avoué dans mon intérêt comme dans le sien.

Quand elle m’eut bien écouté sans donner le moindre signe d’assentiment ou de répugnance :

— Que voulez-vous que je pense de cela ? me dit-elle. Je n’y entends rien. Je sais que me voilà très-gênée. J’avais toujours compté sur la petite fortune de mon père. Ma pauvre mère ne savait seulement pas qu’elle ne fût pas bien mariée avec lui, et il n’y a pas longtemps que je le sais moi-même. J’ai toujours vécu sans rien comprendre à l’argent, et je ne savais pas qu’il faut en avoir beaucoup pour vivre en France. Je suis pourtant Française ; mais on ne m’a rien appris de ce qu’il faudrait savoir. Mon père disait que j’en aurais assez. Je croyais qu’il avait pensé à tout ; mais vous savez comment le pauvre homme est mort !

— D’un coup de sang, m’a-t-on dit ?

— Oh ! non, d’un coup de pistolet.

— Comment ! il s’est battu ?

— Mais non ! il s’est tué.