Page:Sand - Tamaris.djvu/54

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« Cachez mon suicide, si c’est possible ; mais, si quelqu’un était soupçonné, produisez cet écrit. Je meurs de ma propre main.

» Jean Roque. »

— Il ne vous aimait donc pas ? dis-je à mon hôtesse impassible.

— Je ne sais pas, répondit-elle sans aucune amertume.

Et je vis alors deux grosses larmes se détacher de ses yeux et tomber sur ses joues, qu’elle ne songea point à essuyer. Ces larmes ne rougirent pas ses paupières et ne leur imprimèrent pas la moindre contraction. Elle pleurait sans effort et sans que le cœur parût prendre aucune part à l’acte de sa douleur. Elle me paraissait si extraordinaire, que je ne pus me défendre de lui demander, bien ou mal à propos, dans quelle religion elle avait été élevée.

— Je suis chrétienne, répondit-elle. J’ai été baptisée et j’observe la vraie religion.

— Mais votre mère ?…

— Ma mère était de race mêlée. Elle était de l’Inde ; mais elle y avait été élevée dans la loi du Coran, et mon père n’a jamais exigé qu’elle changeât sa manière d’aimer Dieu, qui était bonne aussi.

Il fallait conclure sur nos intérêts respectifs, et je vis bien qu’elle ne le pouvait pas, faute des plus simples notions sur le monde pratique. Elle me pa-