Page:Sand - Tamaris.djvu/61

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d’heure et qui m’avait pénétré de je ne sais quel enthousiasme religieux.

Aubanel remarqua ma réserve subite, s’en amusa, et prétendit que j’étais amoureux d’elle.

— Je ne crois pas, répondis-je en riant ; pourtant, depuis que vous me faites pressentir qu’elle appartient à une région inaccessible, je ne suis pas assez fou pour souhaiter de la revoir souvent, et j’aime autant…

— Vous sauver chez Pasquali ? Il est trop tard, mon cher, et vous êtes perdu, car la voilà !

Elle accourait pâle et agitée. Paul venait de se blesser en jouant. Une pierre lui avait foulé un doigt. J’y courus. L’enfant gâté criait et pleurait.

— Oh ! quel douillet ! lui dis-je en le prenant sur mes genoux. Regardez donc comme maman est pâle !

— Il se tut aussitôt, regarda sa mère, comprit qu’elle souffrait plus que lui, m’embrassa et m’abandonna sa petite main, qui n’était que légèrement blessée. Je le pansai, et, avant la fin du pansement, il s’agitait déjà sur mes genoux pour retourner à ses jeux.

Madame Martin nous retint au salon, Aubanel et moi, comme pour nous prouver que son système de claustration ne nous concernait pas. Cette femme si rigidement ensevelie avait une grande effusion de cœur quand elle se sentait avec de bonnes gens. Elle était même gaie, et le sourire était attendrissant sur