Page:Sand - Tamaris.djvu/83

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— Mais ce n’est pas moi qui suis inflammable, c’est elle qui a pris feu comme l’éther !

— On s’enflamme pour vous parce que le feu vous sort par les yeux. Ces aventures-là n’arrivent qu’à certains hommes. Voyons, vous n’êtes pas plus laid ni plus sot qu’un autre, je le sais bien ; mais vous n’êtes pas un dieu, et vous ne faites pas boire de philtres à vos clientes ! D’où vient donc que vous avez partout des amourettes et que vous passez pour un homme à bonnes fortunes ? C’est que cela vous plaît, allez ! et que vos regards, vos manières, vos paroles trahissent, même malgré vous, cette inquiétude fiévreuse que vous avez de dépenser toute votre vie dans un jour !

En parlant ainsi à la Florade, j’étais irrité, j’étais cent fois plus fou que lui ; je me disais qu’avec son fluide électro-magnétique et la naïveté de ses émotions, aussi vives à vingt-huit ans, après une vie orageuse, que celles d’un jeune écolier, il pourrait bien plaire à la marquise, si elle venait à le rencontrer. J’étais donc jaloux de cette femme, dont il ne savait pas le nom et qu’il n’avait pas encore vue.

Ma vivacité le fit rire. Il prétendit que j’étais épris de mademoiselle Roque. Je me souciais vraiment bien de mademoiselle Roque !

— Enfin, mon ami, me dit-il, « tire-moi du danger, tu feras après ta harangue. »

— C’est juste ; voyons ! — Eh bien, il ne faut jamais remettre les pieds chez elle, ou il faut l’épou-