Page:Sand - Tamaris.djvu/93

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Je m’étonnai de trouver dans un pays si pauvre et si négligé une entrée de forêt dont le terrain, propre et battu, ressemblait à une immense salle de bal champêtre.

— Vous ne vous trompez pas, me dit la marquise, c’est ici une salle de bal dans un désert. Cette petite fabrique blanche que vous apercevez là-haut dans les nuages est une des mille chapelles que les marins de tous pays ont nommées Notre-Dame-de-la-Garde. Dès le 1er mai, les processions commencent, et toute la population y afflue le dimanche. Les dévots montent à la chapelle, et reviennent boire et danser ici avec ceux qui ne font pas le pèlerinage, mais qui ne manquent pas à la fête. Il paraît que le spectacle est plus animé qu’édifiant. Vous savez que la dévotion des matelots et des Méridionaux en général n’est rien moins qu’austère. Nous ne viendrons donc pas ici pendant le mois de mai. Profitons de la solitude absolue qui règne encore dans ce désert, et marchons !

Je ne voulus pas lui offrir mon bras, craignant de prendre des airs d’intimité avec elle devant ses gens. J’aurais désiré me persuader que nous avions quelque chose à leur cacher, mais elle ne songeait déjà plus aux précautions à prendre pour leur faire penser que j’étais là par hasard. Elle avait consenti à cette dissimulation, mais elle n’était pas capable de la soutenir. Le courage et la franchise de son caractère