Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/280

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les paroles une par une. Parlez-moi ; marquez-moi de la confiance. Dites-moi comment et depuis quand vous connaissez cet homme-là. Ce que vous me direz, je le croirai. Mais si vous ne me dites rien je crois tout ! (Elle va un pas vers le fond. Il se place devant elle avec douleur.) Voyons ! Ne nous quittons pas comme ça ! Ça fait trop de mal ! Votre conduite envers moi n’est pas franche. Vous vous taisez toujours, je le sais ; mais le silence est quelquefois une offense à la vérité, pire que les paroles. On est coquette, des fois, en ayant l’air d’être farouche. On attire les gens en ayant l’air de les repousser ! Claudie ! Claudie, il faut tout me dire !

Il pleure et s’appuie contre le buffet.
claudie, passant un peu à droite, toujours en gagnant la sortie.

Je m’en vas, maître Sylvain, voilà tout ce que j’ai à vous dire. Je ne relève point les mauvais sentiments que vous me prêtez. Tant que j’ai un pied dans votre logis, je vous dois le respect, et vous regarde comme mon maître, ayant accepté de travailler sous votre commandement. Il a été doux et humain jusqu’à cette heure ; laissez-moi partir là-dessus.

sylvain, avec force, se tenant devant la sortie.

Eh bien, si je suis votre maître, comme vous dites, j’ai le droit de vous interroger, afin de vous défendre et de vous justifier, si vous êtes accusée à tort.

claudie.

Oui, si je voulais rester chez vous, vous auriez ce droit-là, et j’aurais le devoir de vous répondre : mais je ne voulais pas rester, je ne le veux pas, et je pars. (Avec douleur et lentement en poussant la petite porte, et le regardant.) Adieu, maître Sylvain, je vas quérir mon père, la voiture est prête. (Elle sort.)




Scène XI


SYLVAIN

Seul, tombant assis près de la sortie, pleurant.

Mon Dieu, mon Dieu ! qu’elle est donc fière et patiente, et froide ! Si avec tout ça elle n’est pas honnête, c’est la der-