Non, prince, je l’aime, cette condition : j’y veux vivre et mourir.
Eh bien, vous êtes, j’imagine, acteur sérieux et tragique. Ces temps agités passeront. On pourrait vous faire engager à l’hôtel de Bourgogne.
Je n’ai pas tant d’ambition.
Ou vous en avez une plus haute ? Parlez.
Que M. le Prince me pardonne ; mais je n’aime que les vers du grand Corneille, et ne me sens pas assez grand pour les dire.
C’est de la modestie.
Nullement : j’ai l’humeur enjouée et non point héroïque.
Vous préférez la comédie ?
Oui ; mais je ne m’amuse qu’à celles que je fais moi-même.
Ah ! vous êtes auteur ?
Point : je n’écris que des canevas sur lesquels mes camarades et moi brodons à l’impromptu des dialogues libres, à la manière des Italiens.
Ce genre réclame beaucoup d’esprit.
Il y faut du naturel et l’observation des caractères humains. Cet exercice me plaît et m’instruit, ce me semble, plus que tous les livres.