Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/353

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LE CAVALIER.

Eh bien, ce divertissement plaît aux personnes instruites comme au peuple, et, si je venais à rentrer dans mes biens…

MOLIÈRE.

Ne me promettez rien, monseigneur, car il vous faudrait, pour me contenter, engager toute ma troupe, dont vous n’avez vu jusqu’ici qu’une partie. Tous les sujets ne sont point bons ; cependant, je ne les abandonnerais pour rien au monde, ces pauvres gens qui comptent sur moi pour résister à la rigueur du sort. Nous n’aurions pour le moment qu’une grâce à vous demander.

LE CAVALIER.

Dites donc vite, car je suis pressé de vous l’accorder.

MOLIÈRE, souriant.

Et de partir ! Eh bien, prince, ce serait de vous soumettre au roi, pour finir la guerre civile, laquelle nous dérange et nous fait beaucoup de tort, en nous chassant de province en province, à travers beaucoup de misères et de périls. Si vous pouvez nous accorder cela, je vous tiens quitte de tout le reste.

LE CAVALIER., souriant.

On y fera son possible, monsieur Molière. Priez pour que le roi nous y aide un peu. En attendant, veuillez agréer ce petit présent en souvenir du bon accueil que vous m’avez fait. Il veut lui donner une bague.

MOLIÈRE.

Oh ! pour ce qui est de cela, prince, je n’en ferai rien.

LE CAVALIER., avec hauteur.

Comment ! monsieur, vous prétendez m’avoir fait l’aumône ?

MOLIÈRE.

Je sais qu’il est interdit, de nos jours, à un homme de petite condition de refuser l’argent d’un grand et que cela passe pour une impertinence qui le met en disgrâce auprès des autres. Mais nous ne sommes point ici dans des circonstances ordinaires, et je vous dirai la vérité comme il convient à