Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/451

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ARMANDE.

Non, j’y vois trop de danger pour moi. Vous feriez un éclat, ou bien vous écouteriez les mensonges de M. Baron.

MOLIÈRE.

M. Baron, toujours M. Baron ! Dites donc ce que vous voulez dire !

ARMANDE.

Molière, c’est une affaire fort délicate. M. Baron me poursuit de son amour depuis qu’il est hors de page. Je ne m’en soucie ni ne m’en inquiète ; mais je trouve révoltante cette trahison envers vous et n’en puis être plus longtemps complice par mon silence. Je vous prie donc de l’éconduire, sans lui en dire le motif : promettez-le-moi.

MOLIÈRE.

Tout ceci me met en défiance, je ne vous ferai point cette promesse, que vous ne m’ayez donné la preuve de ce que vous avancez.

ARMANDE.

Cela m’est bien facile ! mais c’est un échange ? ma preuve contre votre parole de n’en souffler mot à Baron ?

MOLIÈRE.

Je vous promets de ne lui point parler de cette preuve. C’est à moi de la juger.

ARMANDE.

Molière n’a jamais donné sa parole en vain !

MOLIÈRE.

Vous le savez.

ARMANDE.

Lisez donc.

MOLIÈRE, regardant la lettre que tient Armande et sans l’ouvrir.

Elle est bien froissée, cette lettre ! Il y a donc longtemps que vous l’avez reçue ?

ARMANDE.

Je l’ai reçue ce soir, et c’est dans un mouvement d’indignation que je l’ai mise en l’état où elle est.