Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/452

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

MOLIÈRE, lisant avec une tranquillité étrange.

« Armande, vous n’aimez pas, vous n’aimerez jamais Molière, n’est-ce pas ? Il ne vous aime point non plus, lui ! c’est impossible. Il est trop grave pour vous ! Vous êtes trop jeune pour lui… la jeunesse… l’amour… » (Il lit des yeux.) Oui, une déclaration, des feux communs… (Fermant la lettre dans sa main.) C’est une lettre d’amour comme toutes les autres.

ARMANDE.

Et vous n’êtes pas plus offensé que cela ?

MOLIÈRE, se levant avec un calme affecté.

Je ne suis plus jaloux, je vous l’ai dit, Armande ; mais je chasserai Baron. Sa conduite est déloyale.




Scène XIII


Les mêmes, BARON.


BARON, au fond du théâtre.

Mon ami, j’ai enfin retrouvé mes porteurs ; il m’a fallu les chercher au cabaret. Ils sont là. Voulez-vous partir ?

MOLIÈRE.

Un moment ! qu’ils attendent ! J’ai à vous parler, Baron.

ARMANDE, bas, à Molière.

Quoi ! devant moi ?

MOLIÈRE.

Non ! prenez sa chaise et me la renvoyez aussitôt. Allez m’attendre chez vous.

ARMANDE.

Mais songez à votre promesse ! ne lui dites pas…

MOLIÈRE.

Je l’ai promis.

ARMANDE.

Mais rendez-moi la lettre.

MOLIÈRE, froidement mais avec fermeté.

Allez, allez !

Armande sort.