Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/105

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lerin qui me suivait… Voyons donc, à présent qu’il fait jour, et que je puis mettre cette grille entre lui et moi, s’il rôde encore dans les environs. (Il va au fond et voit entrer Pascariel.) Eh ! mais c’est Pascariel, mon ancien valet !

PASCARIEL.

C’est moi-même, n’ayez point peur, seigneur Léandre.

LÉANDRE.

Peur !… vous l’avez dit, je crois ?

PASCARIEL.

Pardon, mon noble maître ! je voulais dire que la peur m’avait empêché de voir que c’était vous.

LÉANDRE.

Tu seras donc toujours poltron ?

PASCARIEL.

Que voulez-vous ! la vaillance n’est pas donnée à tout le monde !

LÉANDRE.

Çà, d’où sors-tu, et que viens-tu faire en ce village de Récoaro.

PASCARIEL.

Moi ? Rien… J’avais une soif extravagante de prendre l’air de la campagne.

LÉANDRE.

Tu mens par la gorge !… il émane de toi une senteur de corde et une puanteur de gibet ! D’escroc que je t’ai connu, serais-tu devenu tire-laine ?

PASCARIEL.

Monsieur se divertit : il sait bien que je suis un honnête homme d’ailleurs…

LÉANDRE.

Vous n’êtes pas net dans vos réponses ; vous regardez de travers ; vous aviez des intentions malfaisantes. Tenez, vous êtes un rôdeur de nuit, et vous flairiez cette maison isolée où les coffres ; dit-on, ne sonnent pas le creux.

PASCARIEL

Oh ! fi ! monsieur. Moi… moi un voleur de nuit, un ra-