Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/247

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FLORA.

Lesquelles donc ?

LE PRINCE.

Ça ne vous regarde pas. Allons, viendrez-vous au théâtre ? Quel mal y voyez-vous ?

FLORA.

Aucun, certainement ! mais je n’ose pas !… Je ne me suis jamais montrée en public sans mes sœurs.

LE PRINCE.

Alors, il fallait donc me dire de les enlever avec vous ; autrement, vous ne sortirez jamais de votre chambre !

FLORA.

Enlever ! Quel mot dites-vous là ? Est-ce qu’on pourrait croire que vous m’avez enlevée ?

LE PRINCE.

Ma chère enfant, les mots sont des mots. Dans ce monde, tout ça ne prouve pas grand’chose. À force de croire à tout sur le compte des femmes, on arrive à n’y plus croire à rien. Faites comme je vous dis, c’est-à-dire faites tout ce que vous voudrez. Soyez même vertueuse si c’est votre plaisir, mais ne vous laissez jamais enchaîner par personne, et, quand vous courrez ce danger-là, consultez-moi, appelez-moi à votre secours, vous verrez que je vous dirigerai bien. À tantôt, chère ! je reviendrai voir si vous voulez sortir ou rester.

Il conduit Flora par la porte de gauche et va pour sortir lui-même par celle du fond. Pendant qu’il s’arrête pour jeter un coup d’œil significatif vers la porte que Flora a refermée sur elle, le marquis entre par le fond. En se retournant, le prince se trouve face à face avec lui.




Scène III


LE PRINCE, LE MARQUIS.


LE PRINCE, très-tranquillement.

Tiens, c’est vous marquis ? par qué hasard ?